L'avortement sélectif en Inde, cause d'un déficit de 10 millions de femmes
lundi 9 janvier 2006, 8h12
PARIS (AFP) - Les préjugés contre les femmes et la préférence pour les enfants de sexe masculin sont la cause en Inde d'avortements sélectifs et d'un déficit de 10 millions de femmes, selon une étude publiée en ligne lundi par la revue médicale britannique The Lancet.
Les auteurs de l'étude, basés au Canada et en Inde, ont travaillé à partir des données d'une enquête nationale menée auprès de 1,1 million de foyers en 1998 et 133.738 naissances déclarées en 1997.
En analysant ces données, ils ont découvert que dans les familles où le premier enfant était une fille, la proportion fille/garçon était de 759 filles pour 1000 garçons pour la deuxième naissance.
Et quand les deux premiers enfants étaient des filles, la proportion passait à 710 filles pour 1000 garçons pour la troisième naissance alors que normalement il naît 105 garçons pour 100 filles.
Un des auteurs de l'étude, Prabhat Jha de l'hôpital St-Michael de l'Université de Toronto (Canada) explique cette différence par la diffusion des diagnostics pré-nataux permettant de déterminer le sexe de l'enfant à naître, et le recours à l'avortement sélectif quand une fille est annoncée.
Le déficit de naissances féminines est repérable dans les familles de toutes les religions et de presque tous les Etats indiens.
Cependant il est plus élevé dans les milieux éduqués où se pratique davantage l'échographie et où le nombre de deuxième enfant de sexe masculin est deux fois plus élevé que chez les illettrés.
Dans la culture indienne, le garçon est préféré parce qu'il transmet le nom, peut gagner de l'argent et s'occuper de ses parents âgés tandis que la fille est destinée à quitter sa famille et doit être dotée pour le mariage, ce qui représente un coût important.
Extrapolant les résultats de l'année 1997 au vingt années précédentes, période où la pratique de l'échographie s'est répandue en Inde, ce chercheur estime à 10 millions le nombres de filles qui ne sont pas nées dans ce pays.
Au niveau mondial, le déficit en femmes est évalué à 100 millions, l'Inde n'étant pas le seul pays à pratiquer l'avortement sélectif, estime le professeur Shirish Sheth, de l'hôpital Breach Candy de Bombay, qui a participé à l'étude.
L'Afghanistan, la Chine, le Népal, le Pakistan et la Corée du Sud font face à des problèmes semblables, selon un rapport du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) publié en octobre.
La pratique de l'infanticide féminin et de l'avortement sélectif risque de provoquer des déséquilibres démographiques aux conséquences sociales dramatiques, avait alors averti l'agence onusienne.
Sources:
http://fr.news.yahoo.com/09012006/202/l-avortement-selectif-en-inde-cause-d-un-deficit-de.html